PROSPECTION| 2018 |
36e Symposium international d’art contemporain de Baie-Saint-Paul, Qc

À bord de son camion transformé en camera obscura, Marie-Christiane Mathieu saisit des images du paysage de Baie-Saint-Paul dans la lumière du matin. ‘’Je voulais voir comment le paysage industriel, économique, cohabite avec le paysage patrimonial, agraire’’, note-t-elle. En tentant de collecter ces intrusions sauvages, elle a toutefois obtenu des images étonnantes, très poétiques, qui flirtent avec les tableaux impressionnistes ou de paysages hollandais. ‘’Ça diminue mon mordant ‘’, constate l’artiste, qui accueille toutefois cette surprise avec intérêt.
Josiane Desloges, Le Soleil, 18 août 2018

14 août 2018
J’ai ouvert l’ordinateur pour écrire sur  la sensation que j’éprouvais constamment devant l’image à venir, celle qui allait apparaitre et à laquelle, bien évidemment, je ne m’attendais pas.
Depuis deux semaines, je ratisse les environs de Baie-Saint-Paul pour trouver la petite faille, l’erreur, l’incongruité. Il semble que tout ce que je capture finisse par baigner dans une aura de sainteté, une lumière absolue d’image presque parfaite. On a tous entendu parler de cette lumière de Charlevoix tant appréciée des peintres paysagers. Est-ce ce phénomène palpable que je saisis à travers mes images ? L’étendue du paysage, son ouverture vers le fleuve doit bien être responsable de quelque chose.
La photo de la Maison-mère des Petites Franciscaines a été le premier sténopé que j’ai réalisé. Il devait être un simple test, il sera l’étalon de tout ce qui suivra.


Comment faire mieux que ça… mais surtout comment ne pas faire comme ça, était le point de départ d’une réflexion qui allait me poursuivre au cours du symposium. Tout d’abord rejetée par sa facture classique, le statut autoritaire de l’édifice, l’éclat parfait de la lumière sur la surface des clochers, le ciel bleu et les nuages, la structure formelle de la photo indiquait ses directions verticales et horizontales, le tout unifié par l’atmosphère de Baie-Saint-Paul. It grows on you… l’image a fait tranquillement son chemin. J’étais devant une capture parfaite, mais tout de même énigmatique due à l’élément horizontal en avant plan du bâtiment. Un objet oblong compétitionnait en reflet avec celui des clochers. Sa forme horizontale s’étirait parallèle à la route. Pourquoi rejeter l’image?   Cette horizontalité donnait le ton. Elle était l’indice du développement économique qui avait transformé le paysage.
L’industrie pétrolière et gazière, l’hydro-électricité, fleuron économique du Québec, transforment notre rapport à la nature, à l’agriculture et à la culture par empiètement du territoire, souvent dans des écosystèmes fragiles. L’horizontalité est leur marque, leur façon de faire circuler et de distribuer. L’économie rase horizontalement la surface comme une vague de tsunami. Elle entraine dans sa course arbres, forêts, champs, village. Elle épuise le vivant.
Marie-Christiane Mathieu

ARTICLES ET CAPSULES SUR CE PROJET

Symposium international d’art contemporain de Baie-Saint-Paul
La Fabrique Culturelle
Quand l’art pense le politique, 36e Symposium international d’art contemporain de Baie-Saint-Paul
Anithe de Carvalho, Vie des arts, No 252, Automne 2018.
Études libres sur l’état du monde au Symposium de Baie-Saint-Paul

Josiane Desloges, Le Soleil, 18 août 2018
https://www.lesoleil.com/arts/expositions/etudes-libres-sur-letat-du-monde-au-symposium-de-baie-saint-paul-cb8efe57107b482487c924299aa7a6e2